"Hell's Angels" de Hunter S. Thompson

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Présentation de l'éditeur

« Nous, mon pote, on est des irréductibles. Dans une Amérique conditionnée, à quatre-vingt-dix-neuf pour cent, on est les un pour cent d’irréductibles inconditionnels, et on crache dans leur soupe. Alors, mon pote, viens pas me parler Sécu et contredanses, parce que, laisse-moi te dire, tu prends ta femme, ton banjo, ta bécane et tu te tires… On a eu cent fois à se battre, et on s’en est toujours tirés à coups de poing et de botte. Laisse-moi te dire, mon pote, que sur la route, on est les rois ».
Années 60. Hunter S Thompson passe un an avec les Hell’s Angels, des bikers qui se considèrent comme « la plus redoutable horde motorisée de toute l’histoire de la chrétienté ». En retraçant leur histoire, en décrivant leurs beuveries et leurs bagarres, le futur auteur de Las Vegas Parano aura façonné l’un des principaux mythes de la contre-culture américaine.


Ce qui fascinait Thompson chez les Hell's Angels était le lien qu'ils entretenaient avec l'Amérique des pionniers, faisant revivre le mythe de la frontière et avançant comme si l'espace qu'ils parcouraient était le leur. [...] À l'époque où il travaillait à San Francisco, Thompson avait été très intrigué par ces hordes de mastodontes aux cheveux longs qu'il voyait déambuler à toute allure en Harley Davidson. Ils étaient appelés Hell's Angels en souvenir d'une escadrille de combat de la Première Guerre mondiale. [...] " Thompson va passer un an en compagnie des Hells'Angels, gagnant leur confiance, roulant à leurs côtés au guidon de sa BSA 650 Lightning achetée grâce à l'avance touchée sur son livre. [...] Ce zoo humain monté sur deux roues n'a rien de rassurant, et sa simple apparition suffit à semer la terreur. Certains ont un bandana noué autour de la tête ; d'autres, plus belliqueux, se contentent d'un casque à pointe. Tous portent la quincaillerie de la Wehrmacht. Croix gammée et croix de guerre viennent s'ajouter à leur uniforme de base, Levi's couleur cambouis, veste sans manches et tatouages en tout genre. Tout le long de cette équipée sauvage, Thompson en profitera pour montrer aux Angels les pages qu'il vient de rédiger. La plupart se montrent amusés, mais l'un d'eux insiste pour que Thompson retire de son texte le mot "sodomie" pour ne pas scandaliser sa mère si jamais le livre lui tombait entre les mains. "

Ce mode d'écriture au jour le jour permet de mieux saisir l'évolution du regard de Thompson sur les Angels et de constater à quel point cette bande d'abrutis finit par le décevoir. Et Dieu sait si Thompson croyait en eux, lancé à la recherche du dernier groupe d'authentiques outlaws dans un pays désormais persuadé que Jesse James est un personnage de série télévisée. Or les Angels ne sont que les restes dégénérés de cette époque glorieuse. Plus vraiment des outlaws, mais des losers persuadés de ne jamais pouvoir changer le monde. L'outlaw avait encore une utopie, le Hell's Angel n'en a plus. Il se contente de semer la terreur là où il passe, sans but, sans idéal, sans espoir. "J'imagine que je suis un sacré loser, confie un Angel, mais vous parlez d'un loser qui va foutre un sacré bordel là où il passera."" La lune de miel entre Thompson et les Angels se termine dans le caniveau.

Peu après la publication de son livre, il refuse de partager ses royalties avec les Angels ; ces derniers se vengent en le laissant à moitié mort sur une route, le crâne défoncé à coups de pierres. Plus tard, Thompson confiera : "Aucune personne de bon sens n'aurait accepté de vivre près d'un an avec des porcs pareils."Les Inrockuptibles

 
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