Manifesto
C’était encore au temps des cartes Michelin et des photos Polaroid. Subsistait l’ombre de nos premiers amours mécaniques d’autrefois dans les 70’ version lycée: Yamaha 125 AS1, Yamaha 350 YR5, Honda CB 450, CB 500 Four. Quant à la Suzuki 350, elle connaissait le chemin de l’écurie : Monthléry et son anneau cabossé, la côte Lapize et sa brume. Un dimanche matin nous avons même partagé un Cromwell, histoire de se distinguer, le casque au pilote, une écharpe de laine pour le passager, à chacun son destin. Un autre dimanche nous avons aperçu, entre deux bottes de paille, le duel Hailwood-Agostini à Charade…
Bon ça faisait des souvenirs mais ce n’était pas suffisant. Alors il a fallu partir. C’est donc Jean-Pierre, chirurgien dentiste de profession et futur fondateur du Dental Racing Bike, qui a pointé la destination : le Rajasthan. Une boucle à réaliser de Delhi à Delhi en passant par Mandawa, Bikaner, Jodhpur et bien d’autres pistes, mauvaises routes, vents tièdes, poussières fidèles à nos pas et à nos yeux, et palais de Maharadjahs comme nous en avions rêvé. C’était en 1992, pour 2500 kms sur des Royal Enfield Bullet de 350 cm3. Une moto fidèle mais joueuse : seuls le cadre et les roues sont restés à même la route, souvent cables, pot d’échappement, clignotants prenaient leur aise en nous quittant. Mais « don’t worry », nous trouvions toujours une âme proche de Shiva pour retrouver la pièce manquante. Cette année là, nous l’avons joué estival en saharienne et pantalon de toile, seules de solides Doc' Martens nous donnaient des airs de bikers, toujours du dimanche.
L’année suivante toujours sur la même distance ce fût le Pakistan. En ces temps là, jeune homme, la géographie du monde n’avait pas encore fondu. Le Pakistan… Je me souviens au départ nous devions partir au Vietnam, mais Jean-Pierre a réussi à me convaincre que le Pakistan ça c’était de la route! Certes. Un mois d’octobre 1993 tout en pluie avec des routes bordées par des flancs montagneux âpres et sombres : une autre planète surtout lorsque nous avons roulé jusqu’à Gilgit, no man’s land entre Afghanistan et Chine. Cette fois nous chevauchions des Honda 200 cm3 jamais importées dans nos contrées, mulets aussi increvables que les vélos qui permirent la construction de la piste Ho Chi Min.
Casques légers aux protections aléatoires, blousons en duvet bien perméables aux assauts du temps, nous étions fin prêts pour rouler…Tu parles. Nous avons débarqué un jour dans un village où les artisans locaux vendaient les plus belles armes à feu, du pistolet au fusil mitrailleur, que j’ai vues. Le Pakistan pour le motard des grands horizons c’est le Grand Oral, le diplôme nécessaire pour embarquer vers d’autres destinations. Ces deux voyages fondateurs en appelèrent d’autres passés et à venir...
Ces premiers arpents de terres, de boue, de sables et de vents contraires avalés, nous rêvions, jamais satisfaits, d’asphalte, de goudron, de pistes larges comme des boulevards. Alors Jean-Pierre, toujours lui, nous dit qu’un jour au cœur des années 60/70, le Continental Circus avait existé. L’Europe des pistes comme nouvelle conquête ! D’accord. Après des essais infructueux avec une CB450 qui ne connu jamais le départ grâce aux bons soins d’un sorcier de la mécanique devenu charlatan, le Dental Racing Bike, avec l'arrivée du jeune pilote Julien en 2001, s’arma de Yamaha TZ, Suzuki GSXR, 900 Bol D’Or…. afin de conquérir des podiums que des années durant cette belle équipe caressa sans jamais atteindre la troisième marche. Mais bafouons la modestie : de très belles performances furent réalisées en tâtant même le fol anneau de Daytona!
La moto ne connaît jamais l’âge de raison c’est bien là le secret de sa longévité. Alors retour aux grands espaces : Ecosse, Irlande, Maroc, Espagne, Portugal, Grèce, Turquie, Cambodge, Thaïlande, Laos, Vietnam, Inde du sud au nord, du nord au sud…à dos de destriers mécaniques plus ou moins adaptés.
Les deux voyages fondateurs permirent à de nombreux riders et compétiteurs de nous rejoindre, en particulier les membres de l'association D.R.B crée en 1999.
Nous sommes partageurs : retrouvez notre communauté, découvrez le savoir-faire du DENTAL RIDERS, et partons ensemble vers de nouveaux territoires.
